Lundi soir dernier, tout un chacun était plus ou moins branché devant sa télé, son ordinateur et autres plateformes électroniques pour suivre les évènements d’une élection assez trépidante. Fidèle à ses habitudes, l’esprit de Vic Vogel le bien aimé – qui fait maintenant partie du grand orchestre de Duke Ellington – était bien présent à L’Astral, lors d’un concert hommage offert gratuitement par le Festival International de Jazz de Montréal. Tout de noir vêtu, mais pas en signe de deuil, le Vic Vogel Big Band était présent, parce que Vic voulait un party. Il y avait aussi tous les amis, les « vieilles connaissances » comme le saxophoniste et compositeur Lee Gagnon, père spirituel du jazz au Québec, Oliver Jones, Michel Donato, Charles Ellison et de simples citoyens et citoyennes qui ont côtoyé l’ami, dynamo du jazz montréalais et pilier du Festival International de Jazz de Montréal.
https://www.youtube.com/watch?v=nJXmGhB4dNM
Le swing, c’est la vie
Sous la direction du trompettiste Ron Di Lauro, cette soirée hommage fut musicale, gorgée de swing, roborative et émouvante. En ouverture, Alain Simard et André Ménard, devenus maintenant simple spectateurs depuis leur retraite du Festival, ont ouvert les festivités avec des mots doux, empreints de sagesse sur tout l’apport de Vic au Festival, après une visite au El Casino ou le patron officiait religieusement. Parce que l’orchestre de Vic, c’était un peu ses enfants dont il prenait soin presque maladivement avec de petites attentions, dont seuls les initiés étaient au courant. Et du swing qui allait de Duke Ellington à Stan Kenton en passant par Slide Hampton, Maynard Ferguson (Frame for The Blues) et Count Basie, il fut question. Pour chaque composition, les musiciens remerciaient avec gentillesse et souvent un trémolo dans la voix, celui qui fut leur patron pendant tant d’années. Je songe à l’immense saxophoniste baryton Jean Fréchette, digne héritier de Pepper Adams et Serge Chaloff pour I Can Dream, le saxophoniste alto Alexandre Côté dans un enlevant Donna Lee qui permit à la formation de donner certainement le meilleur d’elle-même. Parmi les compagnons de route, le toujours souriant contrebassiste Michel Donato, revisitant Solar de Miles Davis, le trompettiste Charles Ellison, lumineux dans ce qui m’a semblé être Song For Cootie. À chaque fois, tout le monde mentionnait que Vic fut « larger than life ». Le tromboniste Richard Gagnon lui a bien rendu avec J.J., pièce composée pour le tromboniste J.J Johnson, tout comme la jeune Annie Dominique avec No Frame ainsi que le tromboniste Dave Grott dans Mood Indigo. Au centre, nous reconnaissions le saxophoniste alto Dave Turner, discret, mais oh combien incalculable appui aux idées de Vic, un peu comme le fit Johnny Hodges au sein de la famille Ellington. De tous les discours, nous retiendrons sans contredit celui de son ange gardien, gérant et ami Bob Pover. Que de mots touchants, entrecoupés de sanglots qui trahissaient un désarroi, mais aussi cette amitié durable qui ne s’efface pas avec une disparition.
Souhaitons que le Vic Vogel Band poursuive son travail à travers les âges et perpétue la mémoire d’un homme qui a tant donné pour la musique et Montréal.
Pour voir quelques vidéos de cette soirée mémorable : https://www.youtube.com/user/529jazz/videos?view=0&sort=dd&flow=grid
Pour quelques vidéos de Vic Vogel :
En quartette au Festi Jazz Mont-Tremblant 2011, c’est ici
En solo au Festi Jazz Mont-Tremblant 2012, c’est ici
Avec le Vic Vogel Band au Festival International de Jazz de Montréal 2014 (un de ses derniers concerts), c’est ici
Christophe Rodriguez (rod.chris@hotmail.com)
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